vendredi 25 novembre 2011

Vie quotidienne...

Salut tout le monde ! Ça fait bien longtemps que je n'ai rien posté, alors je pensais vous faire patienter un peu avec un petit article, en attendant un autre plus long, quand j'aurai plus de temps. Car vous vous doutez bien que si je ne passe pas tout mes heures de libre sur internet, c'est parce que j'ai récemment fait l'acquisition de cette chose étrange qu'on appelle "vie sociale", et qui vous bouffe un temps considérable.

Cette vie sociale, en quoi consiste-t-elle ? Déjà, en sorties avec ma famille d'accueil, qui ne manque jamais de m'emmener dans chaque endroit possible et imaginable. Prenons pour exemple cette montagne dont j'ai oublié le nom, dans la préfecture de Mie (voisine de celle d'Aichi où j'habite) et où nous nous sommes aventurés, par un samedi matin ensoleillé, avec Iwase-san, ses deux enfants, et mon ami Jesus. 

Ça commençait à être kôyô ! Mais pas encore tout à fait.
 

Le sommet, 1212 mètres.

Le sommet était à 1212 mètres, environ, et pour y accéder, on a pris un téléphérique, et je peux vous dire qu'être suspendu dans une boîte de deux mètres sur trois accrochée à une simple corde, ça ne donne pas vraiment confiance. Mais d'après Iwase-san, en 17 ans d'utilisation, il n'y a jamais eu un seul accident. Ah oui, j'oubliais ! on est au Japon... 

Ça fout les jetons non ?
Le plus étonnant, c'était que les japonais restaient au sommet environ une petite demi-heure, puis ils redescendaient tous ensuite. Si ça n'avait tenu qu'à moi, j'y serais restée au moins une heure voire une heure et demi, pour bien profiter du panorama sublime qui s'offrait à nous de chaque côté, mais en comptant qu'il avait fallu trois heures pour venir (avec les bouchons) et qu'Iwase-san comptait nous emmener dans un onsen en repartant, c'est probablement pour cette raison qu'on n'est pas restés très longtemps. Dommage, c'était sublime.  

Il paraît même que lorsqu'il fait très beau, et que l'air est très limpide, on peut voir le Fuji-san au loin ! (En hiver, le plus souvent.) Le Fuji-san !! Un jour, oui un jour, je le verrai !!
 
L'onsen dans lequel on s'est arrêtés en revenant possédait un rotenburo (à savoir la même chose qu'un onsen, mais à ciel ouvert), et c'était vraiment une sensation délicieuse que de se baigner dans une eau brûlante en sentant l'air frais du dehors sur sa peau émergée. Ma petite soeur d'accueil a même déjà eu l'occasion de faire une boule de neige tout en se baignant dans un rotenburo... J'adorerais faire la même chose !

On avait une vue pas moche, de là-haut !

Pendant que mon ami Jesus était à Nagoya, on a également senti un tremblement de terre. Quelle émotion ! On était au huitième étage d'un immeuble, entourés par des étagères de livres, lui dans une allée et moi dans une autre, quand soudain, le sol se met à trembler sous mes pieds. Tous les japonais autour de moi lèvent la tête, et bêtement, je me dis : "dis donc, ils font des travaux dans la pièce d'à côté ou quoi ? ... AAAH UN TREMBLEMENT DE TERRE !"

Qui au demeurant, n'a duré qu'une petite dizaine de secondes, mais c'était impressionnant. Les japonais se sont tous remis à leur lecture une fois que ça s'est terminé, et moi, je suis allée retrouver Jesus, qui était aussi interloqué que moi. "T'as senti ça ??" Si moi j'ai cru que c'était des travaux, lui, il se disait que c'était drôle, on pouvait sentir le train passer depuis le huitième étage. Marrant, ce que peuvent penser les gens qui ne sont pas habitués ! 

Puis la musique s'est arrêtée, et une voix a annoncé : "il vient d'y avoir un tremblement de terre, veuillez ne pas emprunter les escalators et les ascenseurs...". La voix grave, l'absence de musique, ça donnait vraiment une dimension effrayante à ce qui s'est en fait révélé un minuscule tremblement de terre de magnitude 3. Qu'est-ce que ça devait être en mars dernier...

Jesus était venu pour voir Kôyô (le moment où les feuilles des arbres rougissent), mais malheureusement, Kôyô est très en retard cette année, et c'est seulement en ce moment que ça commence à devenir vraiment rouge.

J'ai même eu la chance de contempler la floraison de cerisiers en même temps que Kôyô !

Pour contempler Kôyô, il y a un bon coin qui s'appelle Kôrankei. Enfin, quand je dis "un bon coin"... En réalité, c'est un de ces célèbres endroits où tout le monde se rend pour contempler les arbres. De jour comme de nuit ; si le soleil rend le tout particulièrement magnifique en journée, le soir venu, s'allument des tas de lumières pour éclairer les feuilles rouges par en dessous, ce qui donne une ambiance complètement différente, mais à ne pas rater. 

Kôyô à Kôrankei !
 
On m'a dit qu'il y avait moins d'illuminations cette année parce qu'ils devaient faire attention à l'électricité : eh bien, je me demande comment ça doit être d'habitude, parce que là, il y en a vraiment partout, tant pour Kôyô que pour Noël, dont les décorations ont été allumées à peine Halloween terminé - maman, tu détesterais ça... 

Et ce n'était pas le tout de contempler les arbres, il fallait aussi penser à manger. Et pour ça, il y avait des petites gargottes tout le long du chemin qui menait à la promenade, où on vendait takoyaki, okomiyaki daifuku, soba, et j'en passe... Tous mes aliments préférés. Je ne vous raconte pas le martyre pour résister. (D'ailleurs, je n'ai pas résisté, puisque j'ai acheté mes takoyaki et ichigo daifuku sur le chemin du retour...)

Ichigo Daifuku ! Mais ils ne ressemblent pas tous à ça, généralement la fraise est cachée à l'intérieur.
Sinon, j'ai aussi eu la chance d'aller à un concert de musique arabe, donné gratuitement en guise de soutien pour le Japon, et à ce concert, j'ai pu comme si de rien n'était serrer la main à l'ambassadeur de Tunisie au Japon et à son traducteur, et leur parler tous les deux en français. Aaah, le français ! Ça faisait longtemps ! Si longtemps, d'ailleurs, que j'en arrive à ne plus savoir parler ma propre langue... Mais bon, si c'est le prix à payer pour pouvoir maîtriser l'anglais, améliorer le japonais, l'espagnol et apprendre l'allemand, je suis preneuse !

Il y a ça de bien avec la résidence où je suis qu'elle est totalement multiculturelle, et que c'est beaucoup plus facile de s'y faire des amis que dans le monde extérieur avec les japonais. J'ai passé ma soirée avec une bavaroise bilingue anglais/allemand, une franco-allemande-iranienne qui parle couramment l'allemand, le français, l'anglais, le japonais et l'espagnol, et une latino-américaine qui maîtrise l'espagnol, l'anglais, le japonais et un peu de français. C'est assez amusant d'avoir une conversation avec elles, parce qu'on passe d'une langue à l'autre sans même s'en rendre compte. Avant de partir, j'espérais revenir en parlant japonais couramment, mais je ne m'attendais pas à avoir la chance et l'occasion de parler anglais ou espagnol fréquemment. Décidément, je suis contente d'avoir atterri ici !

J'ai pu expérimenter encore beaucoup d'autre chose, comme par exemple dessiner sur une assiette et une tasse, ce matin, parce qu'avec l'université, on a visité une fabrique de poterie... C'était super intéressant, très drôle, et pour ne rien gâcher, c'était gratuit. 

On devait tremper notre pinceau dans l'encre noire, qui devient bleue une fois l'assiette à son stade terminal, ou dans l'encre rouge, qui devient marron - tout en faisant attention de ne pas poser ses doigts n'importe où pour ne pas tacher l'assiette. Vous avez déjà essayé de dessiner sur une assiette, vous ? Je vous raconte pas l'épreuve ! 

Mon assiette Gabriel et Joshua !

Les assiettes et les tasses doivent passer par un certain stade pour devenir blanche et bleues (et marron pour ceux qui ont utilisé le marron, mais je n'y ai pas touché), ce qui veut dire qu'à Noël environ, je pourrai manger sur mon assiette personnelle et boire du thé dans ma tasse personnelle à mon nom ! Si c'est pas classe ! Je vous montrerai le résultat une fois que je les aurai récupérées.

Quant aux jours à venir, quelque part, ils sont de plus en plus occupés ; essayage de kimono, kaitenzushi, invitation chez les parents d'Iwase-san, concerts à préparer, fêtes, exposés, karaokes... Je n'ai même plus le temps de geeker, je vous jure ! 

Voilà pour cet article un peu décousu. La prochaine fois, je vous raconte mon pèlerinage otaku à la Nihon Ki-in (l'institut de go) de Nagoya, sur les traces de mon idole Akira Tôya ! 
A bientôt tout le monde !

mardi 8 novembre 2011

Bref. Je suis allée à Kyôto.

Bien le bonsoir, mes braves amis ! J'ai l'honneur de vous présenter le (très long) récit de mon voyage à Kyôto. (Préparez un truc à boire avant de vous atteler à cet article, ça risque de durer.)

Avant toute chose, pour les non-connaisseurs, situons la ville. Si Tôkyô est la mégalopole déshumanisée, qui s'étend sur plusieurs centaines de kilomètres, à tel point qu'en montant à la tour de Tôkyô, on ne distingue qu'une jungle de béton quel que soit le côté qu'on observe, Kyôto, en revanche, c'est la ville traditionnelle par excellence. Bien sûr, ça ne veut pas dire que lorsque vous y entrez, vous faites un bond dans le temps pour vous retrouver une centaine d'années en arrière. Kyôto, comme toutes les grandes villes, n'échappe pas au béton et aux immeubles de style HLM. La différence, c'est qu'au détour de chaque petite rue, vous pouvez découvrir un temple, et ça, c'est carrément impressionnant. 

La petite minute d'histoire : Kyôto fut jadis la capitale de l'empire japonais, et répondait au doux nom de Heian (la paix), durant l'époque qui porte le même nom (ère Heian). La capitale a finalement été transportée à Edo (ancien nom de Tôkyô), mais Heian ayant été une période d'intense développement culturel, la ville a gardé les marques de son ancien prestige, non seulement avec ses temples, mais aussi ses châteaux, son palais impérial, sa propre culture traditionnelle... 

Durant la Seconde Guerre Mondiale, il avait été envisagé de lâcher la bombe atomique sur Kyôto plutôt que sur Hiroshima. Ça ne s'est pas fait parce que quelques hommes doués d'un reste de bon sens ont jugé que la ville possédait trop de richesses et que sa destruction serait un obstacle à un réconciliation ultérieure avec le Japon.

Bref, Kyôto, c'est une mine de trésors, et bien entendu, il n'est pas assez de deux jours pour en profiter, aussi je compte bien y retourner avant longtemps ; mais ceci étant dit, laissez-moi entrer dans les détails et vous raconter mon aventure. 
 
La raison pour laquelle je suis allée à Kyôto, c'est parce que j'ai un ami, Jesús (prononcer Rrrhéssousse), qui est en vacances au Japon, et qui loge chez mes anciens professeurs de japonais, qui habitent à Nara (pas loin de Kyôto), et donc, on s'est dit que c'était une excellente occasion pour tous se retrouver quelque part ; ce qui a décidé que le quelque part serait Kyôto, c'est le marché du Tôji, donc je vous donnerai les détails plus tard. 

Me voici donc du vendredi, à me dire : "allez ! Demain, je vais à Kyôto !" et donc à me diriger vers la gare de Nagoya pour y acheter des tickets de bus, ayant entendu dire que c'était beaucoup moins cher que le shinkansen. Effectivement : là où un billet de shikansen pour Kyôto (aller simple) coûte 5500 yens, le trajet en bus ne coûte que 4000 yens. Et encore, heureuse surprise : moi qui m'attends à débourser 8000 yens pour l'aller et le retour, j'apprends que les deux trajets sont compris dans les 4000 yens. Que demande le peuple !

Ainsi donc, c'est avec les précieux tickets que je rentre chez moi pour faire mes bagages : mon bus part le lendemain à 9h10. C'était probablement la dernière limite avant qu'il n'y ait plus de place, car les autres bus étaient déjà complets. Je m'étais imaginé, dans ma naïveté provinciale, faire le voyage avec un car à moitié vide, mais évidemment que non ; il était bien sûr plein à craquer. 

Je me figurais aussi que quelque chose irait forcément de travers ; par exemple, que je ne me réveillerais pas à temps, ou que je ne trouverais pas l'arrêt de bus, ou que je me tromperais même de car et finirais à Tôkyô, bref, toute la foule d'inquiétudes qui peut vous passer par la tête quand vous faites quelque chose pour la première fois. Mais tout s'est bien passé ; j'ai trouvé mon arrêt sans problème, sans même réellement chercher, et je suis montée dans mon bus comme une grande. Et dire qu'en France, j'étais infoutue de lancer une machine à laver toute bête, maintenant j'en suis à m'acheter des billets de bus pour me rendre toute seule dans une ville étrangère, dans un pays étranger. C'est fou comme un échange universitaire ça vous rend plus débrouillard...

Le trajet en bus durait à peu près trois heures, durant lesquelles j'ai trouvé de nouvelles choses sur lesquelles m'étonner, à croire que la liste ne s'arrêtera jamais. La première, et celle qui m'a le plus marqué : en japonais, autoroute se dit "kôsoku dôro", c'est à dire "la route à grande vitesse". Eh ben, je sais pas où ils la voient, cette vitesse. Ils se déplacent tous comme des pépés, sur ces autoroutes, les japonais ! J'ai même vu plusieurs panneaux marqués "80", et je me suis dit "c'est pas possible, c'est vraiment limité à 80 km/h sur l'autoroute ?" mais Jesús m'a ensuite fait remarquer que c'était peut-être des miles, ce qui n'aurait pas été improbable. Quoi qu'il en soit, tout le monde roulait super lentement. Pas une voiture au delà de la limite autorisée... Tout le monde se rabat après avoir dépassé quelqu'un... et bien sûr, toutes les voitures mettent leur clignotant au moment de doubler ou de se rabattre. Je crois que je ne m'habituerai jamais à un tel respect des règles.

Quand je suis partie de Nagoya, un soleil timide pointait le bout de son nez. A Kyôto, j'ai dû me rendre à l'évidence : il n'avait pas voulu me suivre. J'ai eu deux jours de pluie continuelle, ce qui était bien dommage, mais en contrepartie, ça créait une superbe ambiance dans les temples que j'ai visités...

Une fois arrivée à Kyôto, j'ai envisagé d'aller au consulat pour pouvoir m'assurer de voter aux prochaines présidentielles, mais c'était uniquement sur rendez-vous et impossible de les joindre. Ça sera pour une prochaine fois... J'ai donc attendu mon rendez-vous avec Jesús en me baladant dans les environs de la gare. Il y avait une sorte de concours, et une scène où se succédaient plusieurs prestations, qui avaient l'air totalement traditionnelles, mais qui étaient apparemment coréennes... 

Le concours en question

Après avoir retrouvé mon ami, avoir mangé avec lui et papoté, et après avoir déchargé les bagages dans l'hôtel, on s'est rendus compte qu'il était déjà 16h et qu'il fallait qu'on se bouge un peu si on voulait voir quelque chose, puisque tous les temples fermaient leurs portes vers 17h. On s'est donc décidés pour Kiyomizudera, le "temple de l'eau pure". Moi, je ne l'avais jamais visité, et pour Jesús, c'est un passage obligatoire à chaque fois qu'il vient à Kyôto. Le temps d'arriver là-bas, il faisait nuit, on est donc restés aux portes du temple, sans entrer à l'intérieur, sachant qu'on aurait pas le temps de tout visiter et qu'en plus, de nuit, on ne verrait pas grand chose ; mais c'était tout de même une ambiance magnifique qui nous attendait là-bas, avec la pagode aux trois étages (san ju no tô) éclairée de vert, le ciel mauve, les illuminations de la ville (Kiyomizudera étant situé en hauteur, on a une jolie vue sur Kyôto), le sol mouillé de pluie, les corbeaux qui croassaient en haut de la pagode...


Plutôt pas moche, hein ?

La pagode du Kiyomizudera (San jû no tô)


Kyôto by night

Après avoir pris des photos, on s'est dirigés vers un autre temple proche du Kiyomizudera, le Kôdaiji, tout en passant par des petites ruelles en pente comme Ninenzaka ou Nene no michi ("le chemin de Nene", Nene étant le nom de la femme de Toyotomi Hideyoshi, un des grands noms de l'histoire du Japon, que j'ai déjà évoqué dans un post précédent...). 

Ninenzaka
 Au Kôdaiji, il y avait des illuminations spéciales pour kôyô, cette période de l'année où les feuilles des arbres rougissent. Malheureusement, kôyô est très en retard cette année, à cause de la chaleur qu'il continue à faire au Japon, et seuls quelques petites feuilles avaient déjà rougi. Ce qui n'empêche que les illuminations étaient là quand même et que c'était déjà superbe - qu'est-ce que ça doit être quand kôyô est à son apogée !

Le lac renvoyait les reflets... Dommage que ça ne se voie pas trop...
Dans le Kôdaiji, il y avait également un jardin de pierre où il y avait des jeux de lumière : on s'installe au bord du parquet du temple, pieds nus, évidemment, car on n'entre pas dans les temples avec des chaussures, et on regarde le spectacle. Les jardins de pierre sont plus méditatifs de jour, mais de nuit, c'était vraiment superbe. 

Il y avait aussi des lumières vertes, rouges, beiges...
On a ensuite observé les illuminations d'un arbre rougissant au bord d'un petit lac, on a évidemment mitraillé de photos la beauté du lieu, puis on a traversé une forêt de bambous tellement dense que leurs feuilles formaient presque un toit au dessus de nos têtes. C'était magnifique. 

Presque Kôyô...
Les bambous


















En sortant du Kôdaiji, on est passés par un parc dont j'ai  oublié le nom, et une petite rue éclairée par des lanternes  typiquement japonaises, où il n'y avait pas un chat, probablement à cause de la pluie qui tombait. Elle ne m'arrangeait pas, cette pluie, mais il faut l'avouer à son avantage, c'était vraiment une belle ambiance qu'elle nous créait là. 

J'attendais le nekobus !
En rentrant vers la gare, on a décidé qu'après avoir visité traditionnel, il était temps de manger traditionnel ; on s'est donc aventurés vers un restaurant d'okonomiyaki proche de la gare. Okonomiyaki, mon plat préféré : une sorte d'omelette de chou et d'autres ingrédients, que vous assaisonnez à votre bon plaisir, okonomiyaki voulant à peu près dire "vous mettez ce qui vous aimez". On distingue plusieurs types d'okonomiyaki, dont les deux plus célèbres sont celles d'Osaka et celles d'Hiroshima... 

La mienne, c'était une okonomiyaki aux crevettes, ma préférée.
Mais n'entrons pas dans les détails. En rentrant à l'hôtel, en bonne geek, je demande au monsieur qui tient le comptoir si on peut utiliser l'ordinateur dans le coin pendant dix minutes ; il s'extasie sur mon maigre japonais, me demande d'où on vient, et quand on répond "de France", alors là, il en bave d'admiration, et nous retient pendant un quart d'heure pour nous expliquer que son père a déjà bossé en Suisse et qu'il voulait aller en France en même temps mais qu'il n'avait pas pu et que c'était bien dommage, etc. Y'a pas à dire, mais la France, ça a vraiment une bonne image, dans le coin.


Sur la porte de l'hôtel, avec Jesús, on constate qu'il y a écrit "ryokan". Pour nous, "ryokan" (hôtel traditionnel), ce sont les pièces avec tatami, les futons qu'on sort du placard le soir, et un onsen pas loin. Manque de bol : notre chambre est en style occidental, avec des lits normaux, bref, rien qui la distingue d'un hôtel de base, à part les yukata qui sont sagement pliés sur la table de chevet. Toutefois, on ose espérer que l'hôtel dispose tout de même d'un onsen... Et on a raison ! C'est donc avec délice que je peux une fois de plus goûter au plaisir du bain brûlant (trois jours seulement depuis mon dernier...). Et c'est d'autant mieux que lorsque j'arrive, les dernières occupantes s'en vont, et j'ai l'onsen pour moi toute seule. 


Bref, comme il n'y a rien de mieux pour vous aider à passer une bonne nuit, je me réveille le lendemain matin parfaitement prête à passer ma journée à crapahuter. Au programme de ce dimanche matin : rencontre avec une amie japonaise de Jesús, puis le temple Tôji, puis... on verra. 

Au temple Tôji
On s'en va donc à la rencontre de Naoko-san à la gare de Kyôto, et de là, on marche jusqu'au Tôji, où, comme tous les premiers dimanches du mois (et aussi tous les 21 du mois), a lieu un célèbre marché aux puces. Le marché du 21 est plus fourni que celui du premier dimanche du mois, et la pluie menaçant de tomber a convaincu certains vendeurs de rester chez eux ; mais c'est tout de même un marché très intéressant que je redécouvre là (l'ayant déjà fait trois ans auparavant). Beaucoup de babioles traditionnelles japonaises, un milliard de kimonos, quelques violons et instruments de musique, un shôgiban (plateau de shôgi), sur lequel je me suis précipitée en croyant que c'était un goban (plateau de go) comme celui que je me vois acheter dans mes rêves les plus fous...

Ce genre-là, m'voyez... Le shôgiban avait exactement la même forme. Mais bon, c'était un shôgiban.
On croise ensuite Pierre-sensei, l'un de nos amis professeurs qu'on devait rencontrer à Kyôto ; pendant qu'il continue de visiter le marché, avec Jesús et Naoko-san, on décide d'aller au Kiyomizudera, pour prendre des photos de jour cette fois, et pour entrer dans le temple pour de bon, puisqu'on était restés à la périphérie, la veille. Il y a beaucoup de choses à voir au Kiyomizudera : on peut observer une messe bouddhiste, avec l'odeur d'encens qui se répand autour de vous, il y a le paysage sublime environnant, puisque le temple est accolé au flanc de montagne, il y a cet endroit où vous passez sous des torii de pierre, et où, si vous vous rendez les yeux fermés et sans dévier d'une pierre à sa soeur jumelle cinq mètres plus loin, l'amour vous attend au tournant (selon la légende). 


J'ai trouvé ça marrant, j'ai tenté, j'ai réussi !
Puis, comme Kiyomizudera signifie "temple de l'eau pure", il aurait été dommage qu'on passe par là sans boire l'eau qui coulait de la cascade. J'avais l'estomac qui grondait, mais bien sûr, il est interdit de manger dans un temple (en dehors des petits restaurants qui y sont proposés...).

Vous prenez une louche à rallonge et vous prenez de l'eau avec, et vous buvez dans le creux de votre main !

Après le Kiyomizudera de jour, nous sommes retournés au Tôji, où nous attendait une troupe nombreuse : nos deux sensei, leurs enfants, la soeur de Kaeko-sensei et sa fille. C'est donc avec tout ce petit monde qu'on est partis déguster notre repas du midi dans un restaurant voisin, où on m'a servi le meilleur karaage que j'ai jamais mangé... La friture croustillante, la viande fondante... J'en bave encore. Avec à côté du riz, de la soupe, des vermicelles de farine, des légumes au vinaigre, des minuscules poissons, et le tout pour la modique somme de 800 yens. C'est fou comme on peut bien manger pour pas cher, au Japon...

Mon karaage ! *_*

Après manger, on voulait aller visiter Gôshô, le palais impérial, qui faisait une exposition spéciale qui se terminait le dimanche même ; mais ayant trop tardé pendant le repas, on s'est rendus compte qu'on arriverait trop tard à Gôshô. On a donc décidé d'aller visiter le Kinkakuji à la place ; vous savez, ce temple doré si célèbre. 

Sublime non ?
Je l'avais déjà visité une fois, trois ans plus tôt, mais j'avais oublié à quel point il était magnifique, et c'est avec une joie toute enfantine que je l'ai mitraillé de photos. Le temple a été recouvert avec des feuilles d'or, brûlé par un moine en 1950, et reconstruit à l'identique. Il est entouré par des arbres de telle façon qu'on ne le distingue absolument pas depuis l'extérieur. Une fois de plus, mon regret a été que ce ne soit pas encore tout à fait kôyô : le spectacle avec les feuilles toutes rouges doit être absolument magnifique. Je me suis donc promis de ne rien manger pendant un mois et d'y retourner quand kôyô sera à son apogée...


Dans le jardin du temple, il y avait ce petit endroit où vous jetez une pièce, et si elle tombe dans le bol, vous voyez votre voeu réalisé. J'ai bien essayé, tout comme j'avais essayé trois ans plus tôt, mais impossible d'atteindre le bol. Et pourtant, la fille derrière nous a réussi, et deux fois de suite, encore !

Pas évident de bien viser... (Mais les gars du temple doivent se faire des sous)

En sortant du Kinkakuji, la nuit commençait à tomber, et on savait qu'on n'aurait pas le temps de visiter un autre temple : d'autant qu'on a pris le bus qui faisait le plus grand détour pour rentrer à la gare (Kyôto n'étant pourvue que de deux lignes de métro, il faut principalement se déplacer en bus pour visiter tout ce qui vaut la peine d'être visité) et ça a pris une heure...


Un petit Starbucks plus tard, et il était déjà l'heure de rentrer. J'avais l'impression d'être arrivée le matin même tellement tout est passé vite. J'aurais aimé voir plus de choses encore, mais ne t'en fais pas, Kyôto : tu me reverras sous peu, je te le garantis ! 


Voilà, mes amis. C'était un post très long, je salue ceux d'entre vous qui sont restés jusqu'au bout. 


Je vous embrasse jusqu'au prochain article, où je vous raconterai peut-être ma visite touristique de Nagoya (enfin!) et mon premier tremblement de terre !
Sana.

lundi 7 novembre 2011

Utsumi et les mandarines

Salut tout le monde ! J'espère que vous allez bien. J'ai de nouveau intitulé mon article Utsumi et les mandarines, et cette fois, j'ai bien l'intention de m'y tenir, et de vous raconter cette journée à Utsumi, au lieu de partir en digressions sur les bons plans au Japon.

Mais laissez-moi vous mettre en contexte. La veille de ce jour à Utsumi, je reçois un mail de la maman de ma famille d'accueil, qui me dit "désolée de te prévenir si tard, est-ce que tu es libre demain pour une récolte de mandarine et de l'athlétisme en plein air ?" et moi, toujours prête à sauter sur de nouvelles occasion de découvrir le Japon : "bien sûr !".

Aussitôt dit, aussitôt fait. Le lendemain, à 10h, je m'engouffre dans la voiture automatique de la famille Iwase, et hop, direction Utsumi, c'est à dire au sud de Nagoya, à une heure de voiture de là, sur un des deux bras de mer qui forment l'extrémité d'Aichi, la préfecture où j'habite. Je me suis déjà baladée en voiture, mais jusque là, c'était toujours en ville, et là, c'est amusant de voir défiler les villages aux maisons japonaises, aux toits japonais, aux champs japonais, dans la campagne japonaise... Pas de doute : vous êtes en pays étranger ! Et dire que pour ma famille d'accueil, tout ça c'est du vu et revu... Ça doit être comme pour moi, qui ne sais même pas dire ce qui est traditionnel ou pas en France.

Au bout d'une heure, on arrive à Utsumi, où on entraperçoit la mer, avant de remonter vers les terres pour aller à l'endroit où se trouve la récolte de mandarines. Moyennant finances, on peut avoir accès aux mandariniers, et cueillir autant de fruits qu'on le désire ; et en repartant, on aura droit à un sac de mandarines. 

Ça vous fait pas penser aux jardins dans "Zeus, le maître de l'Olympe" ?
Bien sûr, qui dit campagne, dit insectes, et je ne ressors pas de là sans m'être fait copieusement piquer par des moustiques. Et comme ce sont des moustiques japonais, comme à chaque fois, je fais une réaction allergique, ce qui fait que j'ai maintenant des bosses un peu partout sur les jambes (ça m'apprendra à y aller en short!). Il n'y a pas que des moustiques, bien sûr, il y aussi un nombre important d'araignées, qui sont autrement plus grosses et plus colorées que celles de France, qui se contentent d'être petites et toutes noires (promis, au retour, je n'en aurai plus peur...), et d'autres espèces dont j'ignore jusqu'au nom, mais qui ne m'inspirent pas grande confiance. Moi et les insectes, ça n'a jamais été une grande histoire d'amour. 

On déplie des nappes sur le sol, et on s'installe pour un pique-nique, composé d'onigiri (des boules de riz) faits maison, de petites saucisses, d'omelette roulée, de nigirizushi (du riz enveloppé d'une sorte de friture) et autres petits régals bien japonais. En guise de dessert, bien sûr... des mandarines. Elles sont rudement bonnes, en plus. Bon, en arrivant, j'ai eu la mauvaise surprise de découvrir qu'elles n'allaient pas du tout avec le goût du dentifrice, mais une fois le pique-nique passé, ça allait mieux. 

Puis est venu le temps de l'athlétisme, ce mot qui me faisait si grand peur dans le mail d'Iwase-san ! Mais en fait, en guise "d'athlétisme" (je m'imaginais déjà des courses à pied, et des trucs pas fun), c'est plutôt un parc où on nous propose des petits obstacles, les uns à la suite des autres : ça passe par la grimpette à la corde, traverser le lac sur des petites planches mouvantes posées sur l'eau, courir sur des panneaux de bois obliques, passer d'anneaux en anneaux suspendus, s'engouffrer dans des tunnels... Bref, un petit Fort Boyard, sans le fort, et sans les boyards. Si vous réussissez à franchir l'obstacle, c'est 2 points : sinon, zéro. Selon vos points, vous êtes échelonné en plusieurs catégories, et Yuuichiro (mon petit frère d'accueil) et moi, on se situait dans la deuxième plus haute catégorie, à savoir qu'on était des orangs-outans. Faut dire qu'on se précipitait sur chaque obstacle avec une joie toute enfantine, donc forcément à la fin, le nombre de points montait de façon conséquente. 

Après le parcours a succédé un jeu de minigolf, qui était très drôle ! Ca faisait depuis mes neuf ans que je n'avais plus fait de minigolf, j'étais toute heureuse d'y rejouer. Ensuite, c'était au tour de la piscine à balles multicolores, comme il y avait à Kiabi quand j'étais petite. J'étais la seule adulte à me jeter dedans avec un bonheur indicible, mais comme de toute façon les japonais passent déjà leur temps à me fixer quand je ne fais rien de particulier, autant qu'ils aient une bonne raison de m'observer à la dérobée. Après la piscine à balles, c'était le donjon, où il fallait trouver son chemin dans une structure en bois où c'était impossible de tenir debout. Je me suis cognée plusieurs fois la tête, mais c'était drôle. Yuuichiro faisait le leader et Shiori, ma petite sœur d'accueil, m'encourageait et me recommandait de faire attention aux rebords.

En sortant du parc, on a repris la voiture et on s'est dirigés vers la ville d'Utsumi, où un onsen en bord de mer nous attendait. Je rappelle le principe de l'onsen pour ceux qui l'ont oublié : de grands bassins d'eau dont la température varie entre "très chaude" et "brûlante". Vous vous lavez à l'extérieur des bassins, et quand vous êtes bien propre, vous pouvez vous glisser dans l'eau pour vous débarrasser de la fatigue du jour. Bon, si l'eau est plus proche de "brûlante" que de "très chaude", c'est généralement impossible d'y rester plus de dix minutes - sans compter celles que vous mettez à entrer dans le bain, parce que c'est bien joli tout ça, mais se précipiter d'un seul élan dans l'eau comme le faisait Shiori, c'est proprement impossible (enfin, pour moi, en tout cas).

Avant d'entrer dans l'onsen, on s'est un peu baladés tous ensemble sur la plage, qui, comme toutes les plages au soleil couchant, avec ses montagnes environnantes, était superbe. Il y avait des drôles de petits bâtons de bois dans l'eau, et Iwase-san m'a expliqué que c'était de cette façon qu'ils ramassaient le nori, cette algue utilisée pour tout et pour rien au Japon. Quelques photos et quelques chaussures mouillées plus tard, on est entrés dans l'onsen. 

Shiori et Yuu, et les bâtons à nori au loin

 En vérité, les bains s'appellent "onsen" quand ils sont entre quatre murs et un toit, mais on les appelle "rotenburo" quand ils sont à l'air libre. Ici, il y avait l'onsen normal d'un côté, et  de l'autre, une sorte de rotenburo sans en être tout à fait un, puisque du côté de la mer, il n'y avait qu'une simple barrière destinée à protéger les clientes des regards extérieurs au lieu d'un mur. Ainsi, on pouvait se baigner en sentant l'odeur d'iode de la mer, et si on se redressait un peu, on pouvait contempler les nuages rouges flamboyants et le soleil couchant qui disparaissait à l'horizon. Je peux vous dire que quand vous regardez ça alors que vous vous baignez dans un bain brûlant, ça fait un effet bœuf. 

Bien sûr, comme l'après-midi sportif et le bain brûlant avaient creusé les estomacs, en sortant de l'onsen (au troisième étage du bâtiment), on est descendus au deuxième, où il y avait un restaurant. Encore une fois, j'ai pu manger alors que mes pieds nus caressaient la moquette soyeuse, et c'est franchement une sensation super agréable ! Quant au repas, comme dans tous les restaurants japonais où je suis allée jusque là, il était excellent : des tempura udon pour ma part, c'est à dire un bouillon de nouilles avec des légumes et des crevettes entourés de friture. Mais comme Iwase-san tient toujours absolument à ce que je découvre les choses traditionnelles, je me retrouvais souvent avec un extrait de l'assiette des voisins dans la mienne. 


On est ensuite redescendus au premier pour retrouver nos chaussures, puis on est remontés dans la voiture, où les enfants se sont endormis presque instantanément ; et comme ma résidence n'était pas du tout sur le chemin du retour, Iwase-san et moi nous sommes arrêtées à une gare proche pour y prendre le train jusque Kanayama : un chemin que connaissait bien Iwase-san puisqu'elle le prenait tout le temps au temps du collège et du lycée, apparemment. Et je suis rentrée chez moi non seulement avec un sac entier de mandarines, mais aussi avec des jolis mouchoirs aux motifs japonais dont Iwase-san m'a fait cadeau. C'est difficile de se faire accepter par des japonais, par ici, mais je peux vous dire qu'une fois que vous l'êtes, c'est incroyable comme ils se montrent adorables !


Shiori-chan

Et voilà. Je suis rentrée chez moi avec un grand sourire aux lèvres, le coeur en fête, et une migraine épouvantable (je ne sais pas pourquoi, mais les onsen ont toujours cet effet-là sur moi). Avis au futur étudiant qui sera accepté pour l'échange à Aichi (si jamais tu me lis): si on te propose un choix entre une nuit en famille d'accueil ou une nuit en chambre d'étudiant provisoire en attendant la résidence, CHOISIS LA FAMILLE D'ACCUEIL ! En dehors du fait que ce soit moins cher, qu'ils soient adorables et prêts à tout pour te faire plaisir, c'est en plus un excellent entraînement, car bien sûr, j'ai passé la journée à parler en japonais avec eux. Encore une fois, je m'extasie devant la chance que j'ai eue de les rencontrer...

C'est tout pour ma journée à Utsumi ! Le prochain article sera sur mon voyage à Kyôto, et vous verrez des belles photos, je vous le promets !

Des bisous !
Sana.

samedi 5 novembre 2011

Bons plans...

Bien le bonjour, mes chers amis ! J'espère que vous allez bien. Veuillez me pardonner la fréquence de publication de plus en plus rare, mais je me dis que vous parler de mon université tous les jours n'aurait pas beaucoup d'intérêt à vos yeux, et j'ai raison, pas vrai ?

Mais cette fois-ci, j'ai quelque chose de neuf à vous mettre sous la dent, mes braves ! Non non, ne me remerciez pas, c'est tout à fait naturel. Je pourrais par exemple vous parler du kaitenzushi dans lequel je suis allée l'autre jour ! La petite explication linguistique : j'imagine que tout le monde sait ce que veut dire sushi, mais kaiten, c'est une autre paire de manche. C'est simple : kaitenzushi ("sushi tournant"), c'est un restaurant où à côté de chaque table se trouve un tapis roulant sur lequel défilent les assiettes. 

Ce n'est pas une photo de moi, mais j'avais plus de piles dans mon appareil quand je suis allée au restaurant...
Dans ces assiettes, deux sushis : vous prenez les assiettes que vous voulez, et à la fin de votre repas, quand vous avez bien bu beaucoup de maccha (du thé vert en poudre, et il y en a à disposition sur chaque table, donc faut pas se gêner), quand vous avez la peau du ventre bien tendue, vous comptez le nombres d'assiettes dont vous avez ingurgité le contenu, et chaque assiette valant 100 yens (105 avec la TVA), le compte est fait. Avec donc onze assiettes, comme moi l'autre jour (et encore, j'en ai pris par gourmandise...), vous réglez donc un total de 1155 yens, soit moins de 11 euros... 

Oui, je sais. Les kaitenzushi, c'est merveilleux. C'était un aspect du Japon que je n'avais pas eu l'idée de tester, mais grâce à une amie allemande vivant dans ma résidence et qui est la reine des bons plans, je découvre beaucoup de choses très utiles, et donc ce kaitenzushi, à dix minutes en vélo de la résidence. La maman de ma famille d'accueil m'a expliqué qu'avant que les kaitenzushi apparaissent, les sushis étaient considérés comme un plat de luxe. Maintenant, grâce à eux, on peut manger beaucoup de sushis pour presque rien. C'est-y pas beau, le progrès ?

Mais il n'y pas que ça de merveilleux. Ma reine des bons plans, miss M., m'a par exemple donné plein d'astuces pour le magasin qui se trouve à côté de chez moi, le Valor : si je m'y pointe à 5h30, par exemple, je suis en train de me faire rouler. En effet, à partir de 6h, les vendeurs vont commencer à afficher les réductions sur les bentô et les autres produits périssables sous peu, et donc, pour peu que j'attende une demi-heure, je pourrai avoir tous ces produits en waribiki (réduc). De même, si je paye trois cents yens pour une bouteille vide achetée à l'accueil et une petite carte magnétique, je pourrai venir remplir tous les jours gratuitement la bouteille en question à la borne d'eau dans le magasin. Borne à côté de laquelle il y a un micro-ondes, au cas où les clients auraient un bentô à réchauffer... Décidément, je me répète, mais le Japon, c'est vraiment l'endroit où il fait bon vivre, où tout est fait pour que ça vous soit le plus pratique possible. 

Un autre exemple de bon plan. Ce week-end, je compte aller rencontrer des amis à Kyôto. Mais Kyôto, même si ce n'est pas si loin que ça de Nagoya, en shinkansen (TGV), ça coûte quand même la peau des fesses... Mais pas de panique, les amis ! Car il y a les bus. Quand un trajet simple de Nagoya à Kyôto vous coûte 5400 yens en shikansen, vous pouvez avoir l'aller-retour en bus pour la modique somme de 4000 yens, comme j'en ai eu l'heureuse surprise tout à l'heure, alors que je m'apprêtais à débourser 8000 yens. N'est-ce pas merveilleux ? Encore plus fort : pour aller à Tôkyô, au lieu de prendre le shinkansen, à 11000 yens l'aller (oui, ça raque, d'aller à Tôkyô...), vous prenez le bus : 2500 yens. Si ça fonctionne pareil que pour Kyôto, vous devriez avoir votre aller et votre retour avec vos 2500 yens...

A ranger dans la catégorie bons plans, bien évidemment, les Hyakuen shop, soit magasins à 100 yens. Tout ce qui vous y trouvez vaut 100 yens. Et vous en trouvez, des trucs ! J'ai beau déjà avoir évoqué le sujet dans un post précédent, je ne peux pas m'empêcher d'être émerveillée à chaque fois que j'y vais, quand je découvre, par exemple, des petits bols à la japonaise, un lot d'une dizaine de piles, un casque audio ou des écouteurs, des rames de papier... Le tout pour 100 yens. Bien sûr, le danger, avec ces magasins, c'est de se dire "bah ! Ça vaut que 100 yens!" et d'acheter des choses inutiles, et au final en avoir beaucoup à payer. Quoi qu'il en soit, pour se loger, c'est l'idéal : tous mes ustensiles de cuisine proviennent du 100 Yen shop. 

Ma reine des bons plans m'a encore parlé de quelque chose de bigrement intéressant, à savoir la possibilité de se loger gratuitement à Tôkyô, chez un habitant qui acceptera de vous céder sa maison le temps de votre séjour : elle l'a expérimenté, mais moi, comme je ne l'ai pas vu de mes yeux vu, je ne sais pas trop comment s'y prendre. Une histoire de profil à remplir sur le net, et si vous donnez l'air d'être un type bien, les gens accepteront de vous prêter leur maison. Ils sont sacrément confiants, ces japonais !

Sinon, vous pouvez trouver de ci de là des restaurants où commander un donburi (un plat à base de bol de riz, décliné sous diverses formes), pour environ 300 yens (moins de 3 euros). Même chez Mac Do c'est plus cher ! (Encore que les Mc Do du Japon soient moins cher que ceux de France, avec notamment un menu à 100 yens, si j'ai bien compris ce qu'on m'a raconté... Mais le moment où j'irai vérifier ça de mes propres yeux ne saurait tarder !)

Un autre bon plan : les magasins Book-Off. C'était un de mes passages obligatoires chaque fois que j'allais à Paris, dans le quartier japonais, mais avec un seul pauvre petit magasin (et son pendant en français un peu plus cher juste en face), je me figurais une petite enseigne inconnue. Erreur fatale ! Ici, vous avez des Book-Off un peu partout. Contrairement à leur appellation, ils ne vendent pas seulement des livres en occasion, mais aussi des fringues, et beaucoup d'autres choses. Ma reine des bons plans y a par exemple trouvé un appareil photo numérique pour la modique somme de 4000 yens. Ça se prend, hein ?

Une enseigne Book-Off.

Autrement, si vous n'avez aucune honte, vous pouvez faire ce que je fais depuis mon arrivée : la picore. Beaucoup de magasins de nourriture offrent dans des petites assiettes des morceaux de ce qu'ils vendent : par exemple, dans une boulangerie, vous pouvez récolter ainsi plusieurs morceaux de baguette ou de pain au maccha, ou bien dans des épiceries, vous pouvez goûter à toutes sortes de chips, ou bien même goûter du poisson ou de la viande dans les supermarchés, de temps en temps. Bien sûr, si vous vous baladez avec des japonais, ils vous diront "non mais t'as pas honte de tout bouffer sans rien acheter ??", mais si, justement, vous n'avez pas honte, c'est un bon plan. A force de persévérance, ça peut vous épargner les frais d'un repas !

Par contre, dans la catégorie de ce qu'on pourrait appeler "les plans ruineux", j'ai fini par ne plus pouvoir résister, et en bonne française, je me suis acheté du camembert. Bon, à la base, il était 400 yens, mais il était en réduction, donc je l'ai eu à 200 yens. Par contre, il était tellement petit qu'il tenait dans le creux de ma main... Et il était extrêmement coulant ! Mais à part ça, j'ai été étonnée de découvrir qu'il avait plutôt bon goût, et donc je pense que je cèderai de temps en temps à ce petit plaisir... Parce que c'est tellement bien de pouvoir manger du camembert ! *o*

Voilà voilà, mes gens. J'avais à la base intitulé cet article "Utsumi et les mandarines", pour vous raconter ma journée d'hier, mais je suis partie sur les kaitenzushi et ça a continué sur les bons plans, donc ma journée à Utsumi sera pour un prochain article. En attendant, je vous fais des bisous !

A la prochaine !

Sana.